Quand le normie se croit marginal
- Whizkid
- 1 juil. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 juil. 2024

Il y a un schéma récurrent qui se dessine dans les groupes marginaux :
Étape 1 : Une minorité de la population se sent incomprise ou rejetée par la majorité en raison de leurs différences, qu’elles soient physiques, psychologiques, culturelles, ou autres.
Étape 2 : Les membres de cette minorité se regroupent sous une bannière commune et créent un espace où ils peuvent se réunir, se sentir compris et en sécurité. Ils cherchent simplement à exister.
Étape 3 : Les membres de la majorité commencent à envier ce statut marginal. Ils voient cela comme quelque chose de cool et tentent d’intégrer les groupes créés par et pour la minorité. Ils s’approprient même leurs mots et les utilisent comme des symboles de leur différence, sans pour autant participer activement à la lutte pour les droits de la minorité. Au lieu de cela, ils se servent de leur statut de « victime » pour justifier divers comportements.
Étape 4 : Les personnes qui ne sont pas directement concernées par les enjeux de la minorité finissent par dominer la communauté et prendre le contrôle. Ignorant les réalités vécues par la minorité, ils déforment les définitions des mots pour les adapter à leurs propres désirs. Ils effacent ainsi les membres fondateurs de la communauté, les considérant comme des obstacles et les excluant pour offense envers la conception majoritaire.
Étape 5 : La communauté est complètement vidée de sa substance. Les mots ont été détournés, les membres originaux dépouillés de leur identité et de leurs moyens d’expression. Toute tentative de reprise de contrôle par les membres concernés est réprimée par la majorité, qui se sent légitime dans sa domination.
J’ai vécu cela plusieurs fois. Je vais donner un exemple qui ne me concerne pas forcément : l’autisme. ( Je précise qu'ici "pas forcément" ne veut pas dire que je ne suis pas du tout concerné par cette neuro-atypie, mais que je ne souhaite pas étaler mes caractéristiques.)
La communauté autiste est actuellement confrontée à des individus qui revendiquent ne pas avoir de trouble ni de handicap, et mènent souvent une vie considérée comme normale, avec un emploi stable et une certaine autonomie. Ils réduisent l’autisme à une simple passion, une excentricité, un type de personnalité, voire même à un « super pouvoir ». Ils s’imaginent qu’être autiste, c’est aimer éclater du papier bulle et avoir horreur de faire ses courses au super marché. De plus, ils utilisent souvent leur prétendu autisme pour justifier des comportements toxiques.
Ces attitudes portent préjudice à la lutte pour les droits des autistes en minimisant la réalité du trouble et en encourageant la société à ne pas prendre au sérieux la souffrance des personnes concernées. Pendant ce temps, de nombreux autistes vivent dans la précarité, faute de soutien suffisant de la part de l’État pour compenser leurs difficultés. De plus, ils dégradent la notion d’auto diagnostic, qui, à la base, est un moyen de survie pour les personnes n’ayant pas accès à un diagnostic professionnel. Au lieu d’être utilisé sérieusement et humblement comme un outil d’adaptation dans un contexte de désert médical, il est désormais perçu comme un moyen d’obtenir un statut de victime « cool » à exhiber pour obtenir de la reconnaissance sociale.
Cela se produit également pour d’autres caractéristiques : le Haut Potentiel Intellectuel, le TDI, le TDAH, l’hypersensibilité, l’introversion, les types MBTI rares ( INFJ, INTJ, ENTJ, ENTP), la culture geek…
Commentaires