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Si et Ni : deux fonctions incomprises

  • Photo du rédacteur: Whizkid
    Whizkid
  • 22 sept.
  • 3 min de lecture
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Dans le MBTI, certaines fonctions cognitives ont la belle vie, et d’autres… beaucoup moins. Si vous traînez un peu dans les communautés typologiques, vous aurez sans doute remarqué que les NJ sont encensés comme des demi-dieux visionnaires, pendant que les SJ se retrouvent avec l’étiquette de « gardiens du passé », coincés dans leur routine comme une playlist Spotify bloquée sur « variété française des années 90 ».


Derrière cette caricature se cache une incompréhension profonde de deux fonctions pourtant cousines : l’intuition introvertie (Ni) et la sensation introvertie (Si). Elles partagent la même racine, ce sont toutes deux des fonctions perceptives introverties, mais bizarrement, la première est vue comme l’arme secrète de l’oracle de Delphes, et la seconde comme le carnet de notes poussiéreux d’un archiviste grincheux.


Le problème, c’est que dans la simplification à outrance du MBTI, on a fait passer l’intuition pour un pur processus cérébral et la sensation pour un simple réflexe physique. Comme si les SJ passaient leurs journées à jouer du marteau-piqueur en attendant que les NJ leur expliquent la vie. Résultat : tout le prestige intellectuel a été attribué à Ni, et Si s’est retrouvée reléguée au rang de gardienne de la cafetière et du planning Excel.


Pourtant, réduire Si à une obsession du passé est une énorme erreur. Oui, les SJ aiment comparer le nouveau à ce qui a déjà fonctionné. Mais ce n’est pas de l’entêtement borné : c’est de l’analyse de risques. Face aux idées parfois cosmiques des intuitifs, le SJ active sa base de données interne et projette le film complet des conséquences possibles. Imaginez un ami qui, devant votre projet de monter une start-up de location de chèvres pour tondre les pelouses, vous dit calmement : « Ok, mais as-tu pensé à l’assurance responsabilité civile si une chèvre s’évade sur l’autoroute ? » Avouez que ça peut sauver des vies.


De leur côté, les NJ ne sont pas des êtres divins capables de prédire la météo de 2054. Les descriptions hyper-idéalisées qu’on lit souvent en font des génies stratégiques omniscients. En réalité, la majorité sont des humains normaux, avec leurs fulgurances, certes, mais aussi leurs ratés. ( même un INTJ peut se tromper totalement en croyant avoir deviné la fin d’un film au bout de dix minutes.)


Le vrai drame, c’est que beaucoup de SJ finissent par se croire NJ, simplement parce qu’ils utilisent leur Si de façon intelligente et efficace. Et comme les descriptions qui circulent les réduisent soit à des « normies » sans intérêt, soit à des nostalgiques pathologiques, ils cherchent une case plus valorisante où se ranger.


Alors, plutôt que d’encenser Ni comme une boule de cristal et de reléguer Si au musée de la tradition, il serait peut-être temps de réhabiliter cette fonction. Derrière son apparente prudence, elle est un garde-fou précieux, une mémoire vivante qui permet d’éviter les écueils et de préparer des projets solides.


En somme, Si et Ni sont deux faces d’une même pièce : l’une scrute le futur avec ses scénarios improbables, l’autre vérifie que le présent ne s’écroule pas sous nos pieds. Et si on arrêtait de les opposer comme deux divas en compétition, pour les voir plutôt comme deux alliées indispensables ? Parce qu’entre l’ami visionnaire qui veut révolutionner le monde et celui qui vous rappelle de mettre un casque avant de partir à vélo, avouez que c’est sympa d’avoir les deux.

 
 
 

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