MBTI et biais de typage

La grille de lecture qu’est le MBTI indique des observations réelles. Cependant, il n’est pas évident de trouver son type du premier coup surtout si on se type seul. Si on se type lors d’une formation payante, il est plus facile de trouver son type réel mais l’erreur reste possible. Parmi tous les tests de personnalité, le MBTI est celui qui donne une explication plus profonde du mode de fonctionnement des personnes. Il n’est pas évident d’identifier notre mode de fonctionnement profond car énormément de biais peuvent nous induire en erreur.

Biais cognitifs du testé

Nous sommes les mieux placés pour savoir qui nous sommes cependant nous ne sommes pas forcément honnête avec nous même.

Le biais de désirabilité sociale peut nous induire en erreur (de manière consciente ou non). Nous savons qu’il est mieux perçu d’être créatif, cérébral, organisé et productif que désorganisé, fainéant, concret et peu intéressé par la théorie. Cependant nous ne pouvons pas être ou devenir ce que nous ne sommes pas. Faire semblant d’avoir un type qui nous correspond pas ne vas pas nous aider à être en accord avec nous même. Cela va d’avantage nous tirer vers le bas et c’est dommage. Aucun trait de caractère n’est mieux qu’un autre et ils sont tous à double tranchant. On peut voir le bon coté et le mauvais de chaque trait. Par exemple : une personne peut être désorganisé ce qui est mal vu selon nos codes sociaux mais être rigide est également mal vu. Dans certains contexte il vaut mieux vivre dans l’instant présent que dans la sur-anticipation.

Les codes sociaux sont des conventions sociales, ils sont donc arbitraire et non fondés. Il faut donc savoir s’en détacher.

Biais cognitifs du formateur

Le formateur, en plus de connaître le modèle, à une vision plus neutre mais il ne nous connait pas. Il voit notre comportement à l’instant T. Il ne peut pas savoir si la fonction qu’on croit utiliser est une fonction miroir que l’on a du apprendre à maitriser pour correspondre à des attentes sociales ou non.

Biais liés au contexte

Dans tous les tests (y compris pour le test de QI) le contexte joue. Nous pouvons être stressés ou pas du tout intéressé par la formation si nous avons été obligé de la suivre. Si nous sommes de mauvaise foi il est plus difficile de trouver son type réel (pour ne pas dire impossible).

La méconnaissance des fonctions cognitives

Il s’agit d’un biais très fréquent lorsqu’on se type seul. Il n’est pas évident de comprendre le modèle, les sources sérieuses étant difficile à trouver. La désinformation et l’illusion de connaissance du MBTI étant légion sur internet l’erreur est fréquente. Des idées reçues sont également propagées sur chaque type ce qui complique le typage. Sur internet, des archétypes irréalistes circulent et il n’est pas nécessaire d’être diplômé en psychologie pour savoir que personne ne fonctionne comme ça. Beaucoup de personnes peuvent se désintéresser du MBTI pour cette raison.

La confusion entre utilisation anecdotique d’une fonction et préférence

Il existe au total 8 fonctions cognitives. Nous avons dans notre pile 4 fonctions cognitives qui déterminent notre type. Il peut nous arriver d’utiliser de manière anecdotiques des fonctions qui ne font pas partie de notre pile. On les appellent les fonctions miroir. Il faut arriver à distinguer nos fonctions de préférences avec nos fonctions miroir. Les fonctions miroir sont utilisées rarement alors que les fonctions de préférences sont constamment utilisées et sont naturelles. Nous ne faisons pas d’effort pour nous en servir (du moins pour nos deux fonctions dominantes). Nous pouvons repérer nos fonctions inférieures par nos difficultés à utiliser celles-ci.

Le conformisme sociale

La sur-adaptation peut nous faire croire que nous maitrisons naturellement une fonction que l’on ne possède pas naturellement mais que nous avons développée pour être conforme au monde du travail ou correspondre aux normes sociales. Certains types correspondent à l’archétype féminin. Un homme possédant l’un de ces types peut rejeter sa nature et adopter un comportement plus en accord avec les codes sociaux masculin. D’autres types correspondent à l’archétype masculin mais les femmes de ces catégories sont moins gênées par ce décalage car il est plus gratifiant pour elles d’adopter un comportement associé aux codes masculins. Être un garçon manqué posera moins de problèmes qu’être un homme sensible.

Peut-on s’auto-typer ?

Vous ne vous connaissez pas vous même et vous attendez d’un inconnu qu’il vous dise qui vous êtes ?

La formation MBTI est intéressante car elle vous présente le modèle et le formateur vous type. Cependant le test n’est pas reproductible à 100% et la marge d’erreur est assez élevé. Le type que vous avez eu n’est peut être pas le bon (mais il est fort probable qu’il en soit proche) . C’est pourquoi vous devez garder un esprit critique et considérer la formation comme le début de votre réflexion.

Vous pouvez également vous passez de la formation et apprendre par vous même le modèle. Cela est beaucoup plus dur mais faisable.

Ça ne veut pas dire que vous pouvez choisir le type qui vous convient si celui que vous avez reçu vous déplait. Se connaître soi même demande beaucoup d’introspection et de compétences méta-cognitives. Vous devez rester objectif et maitriser à fond le modèle. Vous n’êtes pas obligé de trouver le bon type du premier coup. L’erreur est permise mais vous devez savoir vous remettre en question si ceux qui maitrisent le modèle vous disent que vous ne pouvez pas être Ni dom si vous n’aimez pas la planification, que vous ne pouvez pas être Te dom si vous avez peur de blesser les autres lorsque vous leur donnez des conseils pour qu’ils s’améliorent dans leur travail et que vous ne pouvez pas être Se dom si vous avez peur de mettre le nez dehors etc… Il n’y a rien de plus énervant qu’un wannabe en quête de validation sociale. Non seulement il peut gêner les autres dans leur typage en diffusant de fausses informations mais il peut vous déranger si vous faites parti de son entourage et que vous n’avez aucun moyen de vous débarrasser de lui. Entendre à longueur de temps « je suis mi-zèbre mi-licorne et re mi-zèbre derrière parce que je n’aime pas prendre le métro» est très éprouvant au quotidien.

Ne devenez pas un wannabe, renseignez vous en profondeur et autorisez vous à douter.

Bonne introspection !

PS : Voici un site internet qui propose un questionnaire MBTI pour déterminer vos fonctions cognitives : Ce site est beaucoup plus fiable que celui des 16 personnalités mais il est quand même à prendre avec des pincettes. Aucun test ne peut vous définir entièrement. De plus, il ne suffit pas de remplir un simple questionnaire pour connaitre son type, vous devez quand même passer par la case réflexion et introspection.

En voici un deuxième conçu différemment : Cognitive Functions Test

Le mieux est de faire les deux.