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Profil INTJ et autisme ( rapprochement et différences )

  • Photo du rédacteur: Whizkid
    Whizkid
  • 26 nov. 2024
  • 9 min de lecture

En psychologie, certaines notions, bien que distinctes, suscitent des comparaisons récurrentes. C'est le cas du type de personnalité INTJ, défini par le MBTI, et de l'autisme, plus précisément le syndrome d'Asperger (désormais intégré dans le Trouble du Spectre de l’Autisme, ou TSA). Si ces deux concepts appartiennent à des cadres théoriques différents, ils partagent néanmoins des similitudes.


Explorons en profondeur les liens et les distinctions entre le profil INTJ et l’autisme Asperger.





Qu'est-ce que l'autisme ?


Tout d'abord, qu'est-ce que l'autisme ? Il ne s'agit pas d'une maladie, c'est un handicap dont les manifestations sont décrites sous l'intitulé de trouble du développement d’origine neurologique. L’autisme se manifeste principalement par une altération des interactions sociales et de la communication et par des intérêts restreints et répétitifs. Ces troubles peuvent provoquer un comportement inadapté dans certaines situations. Ces signes peuvent généralement être identifiés avant l’âge de 3 ans.

 

Les caractéristiques psychologiques des parents ne sont pas responsables de l’autisme de l’enfant. Si vous êtes parent d'un enfant autiste, ne cherchez pas un événement traumatisant ou un comportement qui aurait pu le déclencher.

 

Jusqu’à il y a peu, les Troubles Envahissants du Développement catégorisaient différents types d’autisme (Asperger, Rett, Landau-Kleffner, TED-NOS, etc.). Cette classification a désormais été remplacée par le Trouble du spectre de l’autisme (TSA). Cette formulation est aujourd’hui privilégiée, car elle démontre la diversité des cas rencontrés. Cette formulation « dimensionnelle » a en effet l’avantage de signifier la grande diversité de l’intensité des manifestations de l’autisme, au niveau cognitif, sensoriel, relationnel et communicationnel. Cependant, afin de simplifier mes propos, j'utilise toujours le terme d'Asperger (autistes verbaux) ou de kanner (autistes non verbaux).

 

Un point important : l’autisme ne se guérit pas, puisque ce n’est pas une maladie, mais les troubles peuvent être atténués. Les progrès scientifiques nous en apprennent chaque jour un peu plus sur les comportements à adopter pour améliorer la compréhension et l’interaction avec une personne autiste. Aujourd’hui, il existe des stratégies (notamment éducatives, comportementales) qui permettent aux enfants et aux adultes de progresser, quelle que soit la sévérité du handicap.

 

La triade autistique correspond aux trois critères principaux de l’autisme déclinés en plusieurs comportements repérables chez les personnes concernées. Elle est valable pour l'ensemble du spectre autistique. Pour être autiste, il faut que la présence de cette triade soit significative.

 

La triade autistique :

 

1) Troubles du langage et de la communication

 

Les troubles du langage et de la communication se manifestent à la fois au niveau de l’expression et de la compréhension, qu’elle soit verbale ou gestuelle.

 

Ainsi le langage oral peut être absent, ou inadapté, c’est-à-dire peu ou pas fonctionnel, hors contexte, avec des défauts de syntaxe ou de sémantique. La communication non verbale peut aussi se trouver perturbée. Un enfant autiste rencontrera notamment des difficultés pour pointer du doigt ou avoir recours à des réactions adaptées à certaines situations (sourire, regarder, imiter, utiliser et comprendre la gestuelle sociale, etc.).

 

2) Difficultés relationnelles

 

Ce défaut de communication entraine des difficultés à construire des relations avec les autres. Les enfants autistes ont ainsi du mal à interagir et à jouer avec leurs camarades. Ils ne comprennent et ne réagissent pas, ou peu, aux sollicitations et aux émotions des personnes qui les entourent. Cette situation crée donc souvent un isolement et engendre des difficultés de socialisation.

 

3) Comportement et gestes répétitifs

 

Les personnes autistes ont une forte tendance à la répétition dans les gestes et la parole. Ces comportements répétitifs, aussi appelés stéréotypies, se révèlent également dans les activités et jeux pratiqués d’une façon peu conventionnelle.

 

Les enfants ont souvent tendance à aligner leurs jouets, à tout classer par couleur, etc. Réfractaires au changement, ils adoptent ces rituels pour garder une sorte de contrôle sur leur quotidien. Un tel comportement répétitif s’avère donc être une source de réconfort. Un enfant autiste manifestera également une restriction d’intérêts : il se passionnera pour un sujet qui prendra une importance hors-norme dans sa vie quotidienne.

 


Pour les Aspergers :





Caractéristiques principales :

 

Pour "rentrer" dans la catégorie asperger il faut, la présence significative de la triade autistique +

 

Un QI au moins dans la moyenne ( < 100) . Contrairement à cette idées reçue, les autistes de haut niveau ne sont pas tous HPI. Ces derniers ne sont qu'une minorité.

 

L'absence de retard de langage. Une personne asperger s'exprimera normalement à l'écrit et à l'oral mais avoir un ton inhabituel ou utiliser un langage inhabituel - par exemple, elle peut parler d'une voix monotone ou avec un accent, avoir un très bon vocabulaire et parler d'une manière formelle.

 

Avoir également des difficultés à initier ou entretenir une conversation, parler toujours d’elle-même et/ou trouver difficile de répondre à des questions sur elle-même, parler beaucoup d'un sujet favori, mais trouver difficile de parler de sujets variés et enfin, prendre ce qui est dit trop à la lettre (ce qui manque de nuances, d'humour, d'ironie, de sarcasme...).

 

Caractéristiques secondaires :

 

Les caractéristiques suivantes sont dites secondaires car elles sont généralement présente chez les aspies mais ne font pas parties des symptômes généraux de l'autisme.

 

Des altérations sensorielle : les sens sont exacerbés ( hyperesthésie) ou inhibés ( hypoesthésie), ce qui va amener soit à subir un environnement perçu comme trop agressif, soit à rechercher des stimulations extrêmes ou se mettre en danger par inconscience. Une même personne peut avoir à la fois des hyper et des hypoesthésie . Elle peut par exemple sortir avec un casque anti-bruits pour se protéger des sons de la rue, mais se brûler régulièrement parce qu’elle ne remarque pas quand elle touche un plat bouillant.

 

Des difficultés motrices (dyspraxie très fréquente): mauvaise proprioception (capacité à situer son corps dans l’espace), mauvaise motricité fine, difficultés à imiter spontanément les mouvements qu’on lui montre (ex : reproduire une chorégraphie, lancer et attraper une balle…) : perception fragmentée des mouvements, exigeant une explication très détaillée de chaque micro-étape pour que la demande globale soit comprise. Maladresse générale, tendance à se cogner, se blesser avec les outils, perdre l’équilibre, faire tomber les objets, se renverser de l’eau ou des aliments dessus, rencontre d'importantes difficultés pour apprendre à écrire, à nager ou obtenir son permis de conduire… Le taux de mortalité par accident est 40 fois plus élevé chez les autistes (tous niveaux confondus) qu'au sein de la population générale.

 

(cette liste est non exhaustive)

 



Qu'est-ce que le profil INTJ ?






Ayant déjà abordé ce profil dans un autre article, je vous renvoie vers le lien. 


Le profil INTJ ( Ni/Te/Fi/Se ) est souvent cité comme étant celui qui présente le plus de similitudes avec les traits associés à l’autisme Asperger. De nombreux INTJ non-autistes s’identifient également à certains aspects de cette condition. Ces ressemblances sont notamment visibles dans leur façon d’interagir avec le monde physique.


L’INTJ peut être particulièrement sensible aux stimuli externes : un bruit de fond, une lumière vive, une odeur inhabituelle ou des mouvements dans son champ de vision suffisent parfois à le déstabiliser. En parallèle, il peut sembler détaché de son environnement immédiat, manquant de remarquer des éléments qui paraissent évidents pour d’autres. Par exemple, il pourrait croiser plusieurs fois une personne sans la remarquer ou ignorer la couleur des murs de sa maison, même après y avoir vécu plusieurs années. Pour lui, l’instant présent est souvent flou, presque insaisissable. Bien que ses sens perçoivent son environnement, son esprit semble ignorer ou filtrer ces informations, les rendant inaccessibles à sa conscience.


Par ailleurs, l’INTJ a une aversion marquée pour les imprévus. Une situation inattendue, même bénigne comme une simple chatouille, peut être perçue comme intrusive ou agressive. Il préfère anticiper ce qui l’attend, que ce soit une activité ou une situation nouvelle. Bien qu’il ait tendance à faire ses propres recherches pour se préparer, des informations supplémentaires de la part de son entourage sont toujours les bienvenues pour réduire l’incertitude.


Lorsqu’un INTJ est fatigué ou stressé, il a de plus en plus de mal à interagir avec son environnement. Face à une surcharge émotionnelle ou mentale, il réagit généralement de deux façons : soit il se replie totalement sur lui-même en adoptant une attitude passive et distante, soit il se laisse submerger par ce qui l'entoure, agissant de façon impulsive ou se perdant dans des détails insignifiants.


Si l’INTJ se coupe volontairement du monde, tenter de le forcer à sortir de sa bulle ne fera qu’aggraver les choses. Laissez-lui simplement le temps et l’espace nécessaires pour retrouver son équilibre. Bien connu pour être l’un des types de personnalité les plus introvertis, son besoin de solitude est vital. Il s’éloigne instinctivement des personnes qui envahissent son espace personnel ou qui interprètent mal son attitude détachée. Respecter son isolement, surtout dans les moments de stress, est une clé essentielle pour préserver son bien-être.


Points communs et différences





Certaines caractéristiques du profil INTJ peuvent rappeler celles des autistes Asperger, notamment :


  1. Un besoin de solitude : L’INTJ et les autistes Asperger partagent une tendance à préférer la réflexion introspective aux interactions sociales. Cela peut être perçu comme une forme d’isolement volontaire.


  2. Sensibilité aux stimuli externes : Les INTJ, tout comme les personnes autistes, peuvent être perturbés par un environnement chaotique (bruits, lumières vives, etc.), bien que pour des raisons différentes.


  3. Passions ou intérêts spécifiques : Les INTJ plongent profondément dans leurs sujets d’intérêt, un comportement qui peut rappeler les intérêts restreints des autistes Asperger.


  4. Difficultés relationnelles : L’INTJ peut paraître distant ou maladroit dans les interactions sociales, ce qui peut être confondu avec les troubles de communication propres à l’autisme.


Beaucoup de néophytes ne font pas la distinction entre le profil INTJ et l'autisme. L'expression de la triade autistique peut être confondue avec les deux fonctions dominantes ( Ni-Te) et inférieures (Fi-Se) de l'INTJ.

 

Ainsi l'introversion extrême et le besoin de solitude de l'INTJ peut faire penser aux difficultés de communication de la personne porteuse d'autisme. Le coté maladroit de l'INTJ peut être confondu avec la dyspraxie de l'aspie. L'expression de Ni de l'INTJ, son besoin de se plonger dans les théories, peut ressembler de l’extérieur aux centres d’intérêt restreints de l'autiste….


Malgré ces points communs, il existe des différences majeures entre le profil INTJ et l’autisme. Ces distinctions résident principalement dans les causes et les mécanismes sous-jacents des comportements similaires :


  1. Motivation sociale :

    • Les autistes peuvent avoir envie de se connecter aux autres, mais rencontrent des difficultés neurologiques qui compliquent la communication et l’interprétation des codes sociaux.


    • Les INTJ, en revanche, choisissent délibérément de limiter leurs interactions sociales, souvent par manque d’intérêt pour les conversations superficielles.


  2. Sensibilité sensorielle :

    • Pour les autistes, la sensibilité sensorielle est liée à des altérations neurologiques spécifiques.


    • Pour les INTJ, la gêne face à un environnement bruyant ou chaotique est davantage liée à leur besoin de concentration et d’ordre.


  3. Origine des comportements répétitifs :

    • Chez les autistes, ces comportements sont souvent une réponse au stress ou un moyen de réconfort.


    • Les INTJ peuvent adopter des routines strictes, mais cela est motivé par leur besoin de maximiser l’efficacité et d’éviter les imprévus. On associe souvent ce type de comportement aux ISTJ, mais cela concerne en réalité tous les types J.


  4. Flexibilité cognitive :

    • Les autistes peuvent avoir des difficultés à s’adapter à des situations nouvelles ou ambiguës.


    • Les INTJ, bien que très attachés à leurs plans, sont capables de pivoter rapidement lorsqu’ils identifient une solution plus rationnelle ou stratégique.




Existe t-il une corrélation entre ces deux caractéristiques ?





Voici une idée reçue très courante sur l'autisme : un autiste ne communique pas car cela ne l’intéresse pas. Après tout, les autistes sont asociaux. FAUX ! Les autistes ont du mal à sociabiliser car leur cerveau n'est pas "programmé" pour. Ils ne comprennent pas naturellement les implicites sociaux, les émotions ( les leurs et celle des autres) et peuvent tout prendre au pied de la lettre ce qui provoque forcément des difficultés de communication.

 

Ne pas arriver à faire quelque chose ne signifie pas en être désintéressé. Les autistes légers peuvent apprendre à maitriser les bases de la communication non verbale. Cela leur sera très difficile, leur demandera beaucoup de volonté et de patience, d'autant plus que les neurotypiques ne seront pas forcément compréhensif devant leurs difficultés et pourront les rejeter. Si c'est le cas, les autistes pourront jeter l'éponge, se refermer sur eux mêmes et développer une anxiété sociale. Il s'agit du trouble le plus associé à l'autisme même si tous les anxieux sociaux ne sont, évidemment, pas autistes.

 

Autre point important : personnalité ( types MBTI ) et autisme ne sont pas corrélés. Un autiste peut être aussi bien extraverti qu'introverti et posséder n'importe quel type MBTI y compris l'ESFP. Dans les fictions, les personnages autistes INTJ-5 sont sur-représentés, faisant croire aux spectateurs que les autistes réels sont forcément introvertis et asociaux, en plus d’être des spécialistes invétérés des organismes dont le noyau cellulaire est séparé du cytoplasme par une membrane....

 

En réalité ce type d'autiste est extrêmement rare ! Les INTJ-5 sont connus pour être les plus introvertis des types introvertis. Ils sont très indépendants, très sélectifs dans leurs relations sociales, fuient l'agitation, les dramas, les conversations superficielles et s’intéressent aux sujets théoriques et abstraits. Ils sont l'un des types les plus rares parmi la population ( 2%) et la grande majorité d'entre eux sont, surprise, neurotypiques, non-autistes si vous préférez. On peut les confondre à tort avec les autistes réels, mais cette confusion ne viendra pas d'eux. Les INTJ-5 neurotypiques ont de grandes capacités d'introspection et de métacognition. Ils aiment maitriser leurs sujets et se renseignent avant de se croire concernés par telle ou telle caractéristique neurologique ou autre.

 

Une infime minorité d'INTJ-5 seront autistes et même si le type MBTI est totalement indépendant de cette condition, on peut quand même constater une sur représentation du type ISTJ-1 parmi les autistes réels. Les ISTJ-1 sont très répandus parmi la population. Tout comme les autistes, ils sont très attachés aux règles, aux habitudes, aux routines, aux horaires et aux détails. Il est donc plus logique, mais moins spectaculaire de rapprocher l'autisme du type ISTJ-1.

 

Pour conclure, ce n'est pas parce que les autistes ont des difficultés relationnelles qu'ils ne veulent pas communiquer. L'extraversion, la sociabilité et l'autisme ne sont pas incompatibles et tous les autistes n'ont pas les mêmes traits de caractère.

 
 
 

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