Que mesure le test de QI ?
- Whizkid

- 3 août 2024
- 5 min de lecture
La définition de l'intelligence fut l'objet de nombreux débats, tout comme d'autres concepts intangibles. Un consensus a cependant émergé : l'intelligence serait la capacité à s'adapter à son environnement. Bien que cette définition reste vague, elle souligne une idée fondamentale qui revêt une grande importance lors de la mesure de l'intelligence : le contexte. Ce qui peut être considéré comme un comportement intelligent dans une culture ne le sera pas nécessairement dans une autre. Il n'a donc aucun sens de comparer l'intelligence entre différents pays, en particulier lorsque les cultures sont trop différentes.

Dans notre culture occidentale, où l'abstraction est largement utilisée, il est important de savoir manipuler les concepts abstraits qui sont employés dans la société. C'est pourquoi les capacités d'abstraction sont largement évaluées dans les tests d'intelligence.
Ne pas confondre QI et intelligence :
Il est cependant essentiel de ne pas confondre le quotient intellectuel (QI) et l'intelligence, comme le souligne Grégoire (2019) (Jacques Grégoire est l'auteur du manuel "Fondements et pratique du WISC-V" ). En effet, nous ne pouvons jamais vraiment connaître l'intelligence directement, mais seulement de manière indirecte et approximative à travers un échantillon de tâches variées. Le QI n'est donc qu'une mesure possible de l'intelligence. Il quantifie simplement le degré d'efficacité dans certaines tâches par rapport à un large échantillon représentatif de la population. Étant donné que ces tâches ont été choisies pour refléter les besoins actuels de la société, le QI représente un indice des capacités d'adaptation de l'individu.
Le terme de QI, initialement envisagé comme transitoire par Wechsler, est conservé "par respect des habitudes". Il s'agit aujourd'hui d'un score composite basé sur des analyses statistiques. Selon Grégoire (2019), le QIT est un "indice de la capacité du sujet à agir de manière intelligente en général". Par "agir", on entend le comportement moteur, la pensée ou l'interaction sociale. Agir avec intelligence signifie donc "être capable de maintenir son adaptation face à la diversité des problèmes pratiques, interpersonnels ou abstraits". Le QIT représente ainsi une "probabilité générale d'agir avec intelligence". Il nous informe sur les capacités intellectuelles actuelles d'un individu et ne présume pas d'un potentiel intellectuel futur en tant que "capacité latente qui se manifestera ultérieurement". Le test n'a pas ce pouvoir de prédiction. Cependant, il constitue une aptitude qui est "susceptible de se réaliser dans les diverses situations de la vie quotidienne". Il s'agit donc d'hypothèses que l'on formule quant à cette aptitude dans le futur.
Le problème du test de QI :
L’intelligence représente les capacités d’adaptation d’un individu à son environnement. Ce que l’on mesure n’est que la probabilité d’agir avec adaptation. Une personne dotée d'une forte mémoire et d'une grande capacité de concentration s'adapte plus facilement. Elle possède un haut potentiel intellectuel si ses compétences ( mémoire et concentration ) sont significativement plus élevées que la moyenne des gens. Cependant, il n'est pas évident de mesurer de telles compétences lors d'un simple test effectué une seule fois et soumis à l’interprétation plus ou moins souple d'un psychométricien, lui même plus ou moins compétent. Beaucoup de variables entrent en jeu lors du test de QI et peuvent fausser votre résultat. C'est pourquoi, je ne me prive pas de critiquer voire de remettre en question la validité du test de QI. Cf : Critique du test de QI.
En voici le résumé pour les flemmards : il est indéniable que tous les humains ne sont pas égaux face à l’intelligence mais cela ne signifie pas que le test de QI la mesure d'une manière fiable. Cet argument ne doit pas servir d'excuses à ceux n'ayant pas obtenus le QI qu'ils voulaient. Le haut potentiel intellectuel étant une particularité rare, il est normal que la majorité des gens qui viennent se faire tester se retrouvent dans la moyenne.
Il est difficile de mesurer l’intelligence car la psychométrie est une science molle :

De nos jours, la psychométrie ( la science qui mesure les capacités cérébrales humaines dont l’intelligence) est largement reconnue en tant que science, bien qu'elle diffère des disciplines scientifiques dites "dures" telles que la physique, les mathématiques ou la chimie. Elle est souvent qualifiée de science molle en raison de certaines complexités qu'elle présente.
Cependant, il est vrai que la psychométrie peut parfois être sujette à des problèmes de fiabilité. Les protocoles expérimentaux peuvent être délicats à mettre en place, et l'interprétation des résultats peut également poser des défis. Une étude internationale récente a d'ailleurs remis en question la validité de nombreux résultats obtenus par les laboratoires de recherche en psychométrie.
Il est important de souligner que cette remise en question ne remet pas en cause l'existence même de la psychométrie en tant que science, mais souligne plutôt la nécessité d'améliorer la rigueur dans certains aspects expérimentaux. Les deux points principaux soulevés par cette étude sont la reproductibilité des résultats et l'interprétation des données.
Il est donc essentiel de poursuivre les efforts visant à renforcer la méthodologie de la psychométrie en élaborant des protocoles plus solides et en veillant à une interprétation rigoureuse des données. Cela contribuera à renforcer la confiance dans la discipline et à améliorer sa crédibilité en tant que science.
La reproductibilité des résultats en psychométrie pose un défi majeur. En effet, la fiabilité d'une étude est renforcée lorsque les mêmes résultats sont obtenus lors de répliques de l'expérience. Cependant, en psychométrie, la réplicabilité des données est souvent problématique. Plusieurs facteurs contribuent à ce problème :
Les échantillons utilisés dans les études peuvent être trop petits, ce qui limite leur représentativité par rapport à la population cible.
Les protocoles expérimentaux peuvent être incomplets ou mal définis, entraînant des variations dans les résultats.
Le contrôle du matériel expérimental peut être insuffisant, ce qui peut également influencer les résultats obtenus.
L'utilisation inappropriée des outils statistiques peut conduire à des conclusions erronées ou biaisées.
En ce qui concerne l'interprétation des données, des problèmes se posent également :
L'interprétation des résultats peut être biaisée par le cadre théorique dans lequel elle s'inscrit. Cela peut conduire à des conclusions précipitées ou incorrectes, où les mesures non conformes au modèle sont considérées comme des erreurs plutôt que des découvertes potentielles.
Les résultats sont parfois présentés comme des conclusions absolues plutôt que des probabilités, ce qui peut induire en erreur le public et les autres chercheurs.
Les revues scientifiques prestigieuses sont souvent à la recherche de nouveautés, ce qui rend difficile la publication de recherches qui répliquent des résultats antérieurs. Cependant, la réplication des résultats est essentielle pour renforcer la fiabilité des découvertes en psychométrie.
Il convient de noter que la psychométrie est une discipline relativement jeune, avec seulement un siècle d'existence, ce qui explique en partie les défis auxquels elle est confrontée. Au fur et à mesure que la discipline mûrit et que des améliorations sont apportées aux méthodologies de recherche, il est probable que ces problèmes soient corrigés.
La psychométrie a déjà parcouru un long chemin et continuera à progresser dans son développement en tant que science.




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